[Scans/IT/Octobre 2010] L'uomo Vogue

Spoiler:

Unique Twins
TOKIO HOTEL
Photos de Pierpaolo Ferrari, Texte de Stefania Cubello

« Humanoid » s’est vendu à presque 400.000 exemplaires.

Leur conte de fées rock a commencé en 2001 à Magdebourg. Presque dix ans après, le groupe formé par les jumeaux Kaulitz a, à son actif, plusieurs concerts à guichets fermés dans des salles du monde entier.

Page de droite,Veste et chemise : ITALIA INDEPENDENT ; Pantalon : LANVIN ; Bottes : RICK OWENS ; Bagues et bijoux : SEVAN BICAKCI. Page de gauche, T-shirt : INTIMISSIMI ; Veste : LANVIN. Première page, à gauche, Veste : LOUIS VUITTON ; Maillot de corps : ROBERTO CAVALLI ; Bottes : RICK OWENS. Première page, à droite, Veste : DIESEL ; T-shirt : INTIMISSIMI ; Jeans : DSQUARED² ; Chaussures : ADIDAS.

Des visages frais qui respirent encore la jeunesse, des manières réservées, très polies : Bill et Tom sont le cœur et le cerveau du groupe allemand le plus chaud de ces dernières années.
Proposant un son pop-rock des plus uniques, ils ont grimpé dans les classements internationaux, créant un vrai mythe.
A côté de leur passion pour la MUSIQUE, les deux frères ont beaucoup plus en commun : les idées, les amis, les rêves. « Mais il arrive aussi que nous nous disputions, parfois, et ça fait mal, » disent-ils. « Nous avons des personnalités très différentes. Nous sommes les deux faces d’une MÊME pièce très solide. »

Ils sont sûrement habitués à bouger, depuis qu’ils ont 15 ans, d’un endroit à l’autre, allant dans les salles les plus exclusives au monde situées dans les capitales européennes et asiatiques : et encore, avec des concerts à guichets fermés, des projecteurs, des hôtels cinq étoiles, des limousines dont les frères Gallagher ne pourraient pas disposer, même dans leurs meilleurs moments, les traitements VIP auxquels toute jeune rockstar aspire, et les podiums (comme celui pour le défilé Dsquared pendant la Fashion Week Hommes de Milan, en janvier) – si on considère tout cela, sans oublier le look curieux, stupéfiant, presque extraterrestre qui illumine le beau visage plein de jeunesse de Bill et Tom Kaulitz, le cœur et le cerveau de Tokio Hotel, cela peut nous paraître étrange. Ils marchent dans les chambres du Palazzo Biscari, le manoir splendide style dix-huitième à Catane – où le photoshoot qui illustre ces pages a eu lieu – avec leurs pas légers, timides et respectueux, comme s’ils ne voulaient pas interférer avec le génie de cet endroit. Vous pourriez vous attendre à ce que ces garçons – qui ont grandi trop vite et qui ont maintenant 20 ans – considèrent tout comme dû, pensant aux millions de disques qu’ils ont vendu dans le monde entier, le dernier étant « Humanoid » (Universal), qui est sorti il y a exactement un an. Mais non. Ils passent d’une salle à l’autre, ne croyant presque pas à ce qui leur arrive aujourd’hui. « C’est un palace magnifique, un trésor artistique : il n’y a pas d’endroits comme ça, dans la région d’où l’on vient, » mentionne Bill avec un sourire hésitant, parlant de sa ville natale Magdebourg. Mais c’est là-bas, dans ce village connu pour ses mines de sel, qui faisait autrefois partie de l’Allemagne de l’Est, qu’a commencé, il y a dix ans, le conte de fées rock de Tokio Hotel. A à peine 7 ans, les frères Kaulitz avaient déjà leurs guitares et leur look extravagant, qui a semé le trouble parmi leurs camarades de classe, qui considéraient déjà les deux jumeaux comme des extraterrestres. Ce n’est pas une surprise que Tom s’intéressait déjà à Aerosmith et au guitariste Joe Perry, alors que Bill était un grand fan de David Bowie et de l’art de la métamorphose de White Duke. « C’est vraiment un de mes artistes favoris : jusqu’à aujourd’hui, j’ai dû regarder « Labyrinth » une centaine de fois, » admet-il. Paradoxalement, surtout dans la torpeur de la vie provinciale, être soi-même et vouloir s’exprimer sans préjugés est vu comme un acte insensé la plupart du temps. « A l’école, les problèmes n’en finissaient jamais. Mes camarades de classe ne m’acceptaient pas, surtout à cause de mes vêtements. A ce moment, je ne pouvais pas encore me permettre d’acheter des vêtements trop chers, donc je les faisais moi-même, coupant et cousant différents morceaux, parfois des t-shirts que j’avais acheté pour presque rien. Le résultat était souvent original, j’aimais bien, j’y mettais beaucoup de passion. Cependant, cela ne m’a sûrement pas écarté des bagarres entre mes camarades et mon frère Tom et moi. Notre plus grand rêve était de faire de la musique et de pouvoir nous exprimer sans contraintes, » se souvient Bill. Un rêve qui a commencé à devenir réalité pour les frères Kaulitz lorsqu’ils ont rencontré Georg Listing et Gustav Schäfer, qui sont ensuite devenus bassiste et batteur de Tokio Hotel, respectivement. « Trouver des gens qui, à notre âge, voulaient nous rejoindre pour former un groupe ou partager nos propres rêves était plutôt difficile. C’est pourquoi, au début, il n’y avait que Bill et moi : nous faisions tout nous-mêmes, nous jouions de tous les instruments, et ensuite, nous avons commencé à faire de petits concerts dans notre ville. Lors d’un de nos concerts, dans le public se trouvaient Gustav et Georg ; à la fin de notre prestation, ils sont venus nous saluer et ils nous ont demandés s’ils pouvaient rejoindre le groupe, » se rappelle Tom, pendant qu’il secoue la tête et les longues tresses qui lui tombent sur les épaules. Elles sont parfaites pour son look hop-hop. C’est avec ces quatre membres qu’est né Devilish, en 2001 – trois ans plus tard, le nom change pour Tokio Hotel – ainsi que leur premier album, « Schrei », qui contenait « Durch den Monsun », peu après traduit pour le fameux tube « Monsoon » lorsque l’album a été sorti une deuxième fois, mais en version anglaise, « Scream ». En 2005, les Tokio Hotel ont démarré leur première tournée dans leur pays, et sont devenus le groupe de rock le plus important d’Allemagne depuis le groupe de métal Rammstein. Ils ont battu le fer tant qu’il était encore chaud : en 2007, ils ont sorti leur deuxième album allemand, « Zimmer 483 », qui était aussi contenu dans « Scream » (sorti la même année). La preuve de la Tokio Hotel-mania qui balaie encore le monde entier, surtout pendant les concerts du quatuor, est le DVD « Humanoid City Live », sorti récemment, un enregistrement du concert qui s’est tenu à Milan le 12 avril dernier. « Ce fut une nuit magique, tout s’est passé parfaitement. Nous avons des fans incroyables en Italie, ils font partie des meilleurs, » dit Tom, et Bill ajoute : « Nous avons joué tellement de concerts, c’est difficile de dire quel est le public qui nous a le plus impressionnés. L’Italie est un des endroits où nous recevons les meilleurs accueils, et nous adorons jouer là-bas. Mais il y a un concert que je n’oublierai jamais, c’est celui que nous avons fait à Paris, en 2007, sous la Tour Eiffel, devant 500.000 fans. Je n’arrivais pas à voir où le public se terminait. » Pensaient-ils que cela allait leur arriver un jour ? « Si quelqu’un nous avait dit, dix ans plus tôt, que nous serions si célèbres, nous ne l’aurions jamais cru, » dit Tom. « La première année fut vraiment effrénée – nos emplois du temps étaient pleins de concerts de promotion, nous bougions tout le temps d’une ville à l’autre, d’un pays à un autre. Tout le monde voulait nous rencontrer. C’était vraiment amusant, mais ça nous a presque empêchés de voir que nos vies avaient changé. Lorsque nous ne pouvions plus quitter notre maison sans être reconnus et arrêtés par les fans, là nous avons compris, » dit Bill, qui est d’accord avec Tom sur le fait qu’ils n’ont aucun regret d’avoir renoncé à la vie normale que mènent d’autres enfants de leur âge. « Vous devez faire des choix dans la vie. Nous avions à décider entre une vie normale ou la poursuite de notre rêve de faire de la musique. Nous avons grandi rapidement. A 12 ou 13 ans, nous avions déjà fait des choses que l’on fait normalement à 20 ans. La seule chose qui nous manque peut-être est de pouvoir aller au supermarché ou aller acheter une glace sans gardes du corps, » admet-il. « J’aimerais vivre à Los Angeles, où les stars peuvent faire ce qu’ils veulent sans être assaillis par les fans ou les paparazzis, » dit Bill (peut-être un peu naïvement), qui s’est récemment fait faire un nouveau tatouage, sur le côté. « C’est une expression allemande qui veut dire quelque chose comme : ‘Je n’arrêterai jamais de crier, retournons aux sources.’ Je l’ai mis ici pour me rappeler de l’importance de la liberté pour m’exprimer inconditionnellement, sans préjugés, » un sentiment que Tom partage. Les frères partagent en fait plutôt tout : idées, maison, amis. « Nous ne nous séparons jamais. La seule fois, ce fut à l’école, lorsque les professeurs nous ont mis dans des classes différentes. C’était la pire expérience de ma vie. Il y a vraiment un lien très fort entre nous. Mais cela ne veut pas dire que nous ne nous disputions jamais violemment, » révèle Bill. « Non, nous ne sommes pas comme les frères Gallagher, nous n’en arriverions jamais à ce niveau. Après quelques heures, on oublie tout et tout va bien. Nos personnalités sont très différentes et distinctes, même en termes d’image. Mais ensemble, nous formons une unique personne très forte. Nous sommes comme deux faces d’une même pièce, » explique Tom.

« Nous n’avons aucun regret. Nous avons réalisé notre rêve. Peut-être avons-nous seulement besoin de la liberté qui nous permettrait de sortir acheter une glace sans gardes du corps. »

En plus : Tom est le nouveau visage de Reebok.

T-shirt : ROBERTO CAVALLI. Sur la page de gauche, debout, Chemise et pantalon : GIVENCHY BY RICCARDO TISCI ; Ceinture : LANVIN ; Bottes : RICK OWENS. Sur la page de gauche, assis, Pull : TSICKO ; Gilet : PHARELL & MONCLER ; Jeans : LRC ; Chaussures : REEBOK. Maquillage et coiffure : Natalie Franz, utilisant Chanel. Assistante mode : Valentina Bocciardi.

Traduction de Hollywood. pour A-TH.

Tom avec sa chemise j'adhére plus que tout